Humaniser la recherche scientifique

Faire parler les chiffres n’est pas toujours facile... Margaux, docteure en psychologie et Clément, docteur en psychologie et responsable du centre recherche de Moodwork, nous partagent comment ils intègrent des éléments qualitatifs à un projet de recherche scientifique pour affiner leurs hypothèses et illustrer des tendances quantitatives observées.

Tactix : Hello à tous les deux ! Alors dites-nous tout... comment en arrive-t-on à faire de la recherche dans le privé suite à une formation de chercheur au sens scientifique du terme ?

Margaux : C’est un peu un concours de circonstances ! De mon côté j’ai fait des études très classiques en psycho avant de me spécialiser très vite en psychologie cognitive. J’ai fait une thèse à l’issue de mon master et je me destinais plutôt à être professeure d’université, de faire de la recherche dans le public : j’avais des a priori très négatifs sur la recherche dans le privé. Ma perception était qu’il n’était pas possible de faire de la recherche bien avec les contraintes du privé : aller vite, produire beaucoup. Avec le recul, je dirais que Moodwork me permet de faire ce que j’aime sans faire de concessions, et de concilier mon approche scientifique de la recherche tout en en faisant profiter le département marketing.

Clément : De mon côté j’ai également un parcours classique en université jusqu’à mon doctorat, mais contrairement à Margaux avec une approche plus appliqué et moins fondamentale. Ce qui m’intéresse c’est les comportements humains du quotidien, ancré dans le quotidien.  je n’avais pas d’a priori sur le privé. Ce qui m’a attiré, c’est le fait qu’on recherche des docteurs en psychologie et que soit valorisé ce titre. Je rejoins Margaux sur le fait que la temporalité dans le privé (et encore plus en startup) est plus rapide que dans le public : mais chez Moodwork, on a appris une certaine forme d’agilité pour ne pas perdre de temps et sécuriser les conclusions concrètes d’une étude.

Faire de la recherche constitue donc votre quotidien : comment se déroule une étude “classique” chez Moodwork ?

M : Toujours de la même façon, et c’est très important [rires] !

C : On a effectivement une méthodologie bien définie. Nous partons d’un questionnement initial qui est issu à la fois de nos réflexions au sein du pôle recherche mais également de nos discussions avec l’équipe Marketing. Cela nous permet d’aboutir à une problématique de recherche qui présentera un intérêt scientifique mais s’inscrira également dans une logique business. S’ensuit la phase la moins fun : la revue de littérature et la compréhension de l’état de l’art afin de formuler nos hypothèses de départ sur un projet. C’est d’ailleurs un des premiers moments où le qualitatif peut intervenir pour nous : si nos recherches ne nous permettent pas de formuler suffisamment d’hypothèses de départ, nous allons mener de la recherche quali pour aller identifier sur le terrain des insights qui nous servirons d’hypothèses.

Après cette phase on lance la collecte des données. Cette partie peut être longue pour deux raisons : soit nous sommes sur un protocole longitudinal comme un journal de bord et là le temps n’est pas compressible; soit nous sommes sur un dispositif transversal et là ce qui peut être chronophage c’est le fait d’atteindre un nombre suffisant de répondants.

Ensuite, l’interprétation des conclusions nous permet d’aboutir à un beau document de synthèse !

Si j’ai bien compris, la réalisation d’une étude est un travail de fond qui peut prendre plusieurs mois. Afin de capitaliser au maximum sur ses conclusions, comment gérez-vous la diffusion du savoir aussi bien externe (vis-à-vis de vos prospects) qu’en interne (auprès de vos équipes) ?

M : Nous publions, rédigeons des livres blancs, organisons des webinaires thématiques... mais je dirais que notre production a un double enjeu en externe. Tout d’abord la communauté scientifique auprès de laquelle nous partageons nos avancements; et d’un autre côté nos clients, partenaires et prospects qui s’intéressent au sujet mais nécessitent un contenu adapté. Cela nécessite donc un petit travail de vulgarisation des conclusions de notre étude de notre côté, et de choix du format idéal ! L’idée est vraiment que la recherche bénéficie au plus grand nombre.

En ce qui concerne l’interne cela va vraiment se faire au cas par cas, au gré de nos discussions. Récemment, on s’est rendus compte que les résultats de l’étude que nous menons actuellement avec tactix pourraient être ultras utiles au pôle produit, car les participants partageaient des insights qui avait directement un impact sur les fonctionnalités des services que Moodwork propose : je suis tout simplement allée le voir directement !

Le qualitatif facilite donc le “storytelling” de vos études, c’est bien ça ?

C : Pas uniquement, par exemple le journal de bord que nous avons réalisé avec vous a permis d’obtenir des témoignages spontanés et directs tout en respectant le cadre scientifique du projet, ce qui est important pour leur validité. Il s’intègre donc totalement au projet de recherche au global.

M : Exactement, le quali a vraiment une valeur scientifique : pour nous il intervient en prémisses de l’étude, pour collecter un premier niveau d’information qui va nous permettre de formuler nos hypothèses et donc orienter la suite de l’étude - c’est d’ailleurs très important pour ne pas faire fausse route ! En revanche c’est vrai que le côté storytelling pur est important pour l’équipe Marketing. Cela leur permet d’aller au-delà des chiffres et d’isoler des citations ou extraits vidéos qu’ils peuvent utiliser pour créer du liant avec leurs lecteurs.

On a hâte de voir concrètement ce sur quoi vous travaillez en ce moment ! Pouvez-vous nous dire quelles sont les prochaines échéances de votre côté ?

M : Et bien écoute on est en pleine phase de collecte de données ! Suite à la phase quali menée avec tactix on attaque une phase quanti (NDLR : à laquelle vous pouvez participer en vous rendant ici). Sinon, nous avons récemment publié une étude sur le lien entre le sentiment d’auto-efficacité et la Qualité de Vie au Travail (NDLR : à trouver ici).

C : C’est notre gros projet de l’année 2022, qui sera publié en Janvier 2023.  En parallèle, nous menons également des enquêtes plus ponctuelles visant à avoir un aperçu à un instant T d’un sujet.

Margaux et Clément sont membres du centre de recherche de Moodwork. Docteurs en sciences psychologiques et respectivement spécialistes du fonctionnement cognitif et de l’influence sociale des comportements; ils réalisent et publient régulièrement des études dans le domaine de la qualité de vie au travail que vous pouvez retrouver ici.

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