Les personas ont toujours eu une place un peu spéciale en Recherche: certains les adorent et estiment qu’il est impossible de designer proprement sans eux, là où d’autres pensent au contraire qu’il s’agit d’une des notions de Recherche les plus galvaudées.
La vérité est sans doute entre les deux : le terme de “persona” est rentré dans le langage courant et est utilisé dans de multiples contextes. Cependant, un persona n’a vraiment de valeur en Recherche que s’il permet à vos équipes de mieux connaître et comprendre vos utilisateurs afin, in fine, de prendre de meilleures décisions.
Un persona est un utilisateur ou client fictif mettant en exergue les principaux caractères comportementaux et socio-démographiques d’un groupe d’utilisateurs réels d’un produit, d’un service ou d’une marque.
Le débat autour de l’utilité des personas vient du fait qu’il existe plusieurs définitions - et donc plusieurs utilisations - du persona.
Vous l’aurez compris, le persona qui nous intéresse ici est le persona de Recherche, dont les bénéfices sont multiples :
Un persona est donc un outil fantastique pour innover et prendre de bonnes décisions. Cependant, il y a un certain nombre d’écueils :
L’intuition d’un dirigeant, le ressenti d’une équipe, ou les hypothèses que vous avez personnellement ne constituent pas des éléments sur lesquels fonder vos personas. Ce sont éventuellement des informations que vos personas viendront confirmer - ou infirmer.
Quand on fait des personas, il peut être tentant d’utiliser toute l’information disponible pour les alimenter. Cependant, si ces informations n’apportent rien, elles risquent en revanche de proposer une vision segmentante car trop précise du persona, et d’occulter les informations importantes. C’est particulièrement le cas avec les informations socio-démographiques (âge, genre, salaire…) : elles peuvent être pertinentes, mais si elles ne le sont pas ne vous sentez pas obligé de les mettre dans vos personas.
C’est la suite du point ci-dessus : souvent, pour ne pas avoir à “sacrifier” de la donnée péniblement collectée, nous avons tendance à multiplier les personas afin d’avoir la satisfaction de maximiser l’utilisation des informations obtenues. Cependant, les personas sont là pour présenter une vision simplifiée d’un monde complexe. Si vous multipliez vos personas, vous risquez de les “noyer” et de réduire leur impact auprès de vos équipes.
Idéalement, vous devriez avoir entre 4 et 8 personas maximum.
Un des objectifs de vos personas est de créer de l’empathie. Pour cela, il est nécessaire que toute personne lisant votre persona puisse l’identifier, et se projeter dans une interaction avec lui. Pour cela, il est nécessaire d’humaniser au maximum votre persona : donnez-lui un nom, montrez-le en vidéo ou en photo, utilisez des citations… Il sera beaucoup plus simple à mémoriser. Votre persona doit être familier, mais il ne doit pas pour autant devenir une parodie de lui-même (abstenez-vous donc d’utiliser des clichés comme “Le hipster”, “Le jeune cadre dynamique”,…).
Par déformation professionnelle, on peut avoir tendance à faire des personas que tout oppose. Cependant, vos personas sont à l’image de vos utilisateurs : leurs besoins et attentes ne sont pas binaires, il s’agit de spectres qui peuvent se croiser et se recouper. Ne cherchez donc pas à tout prix à les différencier entre eux.
Créer des personas sans tomber dans la facilité représente donc un certain investissement. Mais, si bien établis et bien intégrés au process de design, les personas sont les garants d'une approche centrée-utilisateur, facilement transférable à l'ensemble de votre organisation.