Les 5 objections à la Recherche Exploratoire (et comment les lever)

“C’est sûr que ça pourrait être intéressant, mais ça va être vraiment compliqué de faire autre chose que du test sur ce projet… “

Si vous estimez que vous consacrez une part trop grande de votre temps à faire de la Recherche purement évaluative, il y a de fortes chances que ce soit parce que votre entreprise n’accorde pas assez d’importance à la Recherche exploratoire.

La Recherche exploratoire peut avoir différents noms (Recherche générative, Discovery Research,…), mais l’objectif reste le même : mieux connaître ses cibles afin de créer des produits et services qui leur correspondent vraiment, afin d’assurer in fine leur adoption.

Pourquoi alors tant d’équipes sont-elles réticentes à l’idée de faire de la Recherche exploratoire, alors qu’elle peut leur apporter tant de valeur ?

Voici les principales objections rencontrées et comment y répondre :

  • Le manque de temps : il est tout à fait possible de faire “un peu” d’exploratoire pour commencer, et obtenir des premiers résultats avec un investissement en temps minime
  • Le manque de moyens : faire de la Recherche exploratoire ne nécessite pas forcément d’infrastructures coûteuses, et de nombreux outils de Recherche non-modérée sont disponibles
  • Une impression de connaitre déjà les résultats : la Recherche exploratoire permet justement de s’affranchir des idées préconçues afin de valider ou invalider de manière factuelle les hypothèses, et découvrir de nouveaux enseignements
  • L’incapacité à se projeter sur les résultats : “exploratoire” ne veut pas dire “non structuré”, La Recherche exploratoire apporte des résultats concrets et actionnables pour les équipes concernées
  • Le sentiment qu’il est trop tard : la Recherche exploratoire ne se limite à la genèse d’un projet, il faut en faire également en phase de prototypage et de déploiement


“On n’a pas les temps”

Faire de l’exploratoire n’est pas forcément synonyme de dizaines d’heures consacrées à des interviews avec une multitude d’utilisateurs cibles.
Très souvent, cette objection provient d’une méconnaissance du nombre minimum d’utilisateurs à solliciter pour avoir des premiers résultats significatifs (voir notre article sur le sujet).

L’argument : proposez une approche en deux temps. Commencez par un petit périmètre, une phase de Recherche informelle menée auprès de quelques utilisateurs en parallèle des autres travaux, pour avoir des premiers éléments. En fonction des résultats que vous observez avec votre équipe, faites le point pour voir s’il est nécessaire de creuser.

Pour cela, mon conseil serait de commencer petit : 5-6 participants, sur une journée (donc avec un investissement en temps minime) juste pour obtenir des premiers résultats.

- Lucile Tchapian, Consultante UX Research

“On n’a pas les ressources (financières, humaines, infrastructures,…) pour un projet de cette ampleur”

Ça tombe bien car faire de la Recherche exploratoire ne demande pas forcément des investissements pharaoniques !
Aujourd’hui, de nombreuses méthodes et outils permettent de faire de la Recherche à distance, nécessitant moins de modération et donc un investissement plus faible.

L’argument : si vous n’avez pas les moyens de faire un peu de Recherche exploratoire, vous n’avez certainement pas les moyens de vous tromper dans le développement et le lancement. Il vaut mieux consacrer un peu de budget maintenant pour sécuriser le delivery plutôt que de passer des semaines à récupérer les erreurs qui auront été commises.

J’ai l’habitude de dire que ce que l’on n’anticipe pas aujourd’hui en termes de besoins client on le paiera, d’une façon ou d’une autre, dans 6 mois.

- Agathe Sowinski, Insights Manager chez Aircall

“Pas besoin, on connait déjà très bien nos cibles !”

Objection très généralement suivie de “ça fait 20 ans qu’on travaille avec, et on a en plus plein de données sur eux”.
La Recherche ne sert pas à savoir simplement qui sont les cibles, mais comment elles pensent, agissent et ce quelles ressentent au contact d’un produit, d’un service ou d’une marque. Une entreprise a généralement énormément de données (âge, genre etc…) sur ses utilisateurs finaux, mais la Recherche exploratoire lui permet d’avoir d’en comprendre les comportements.


L’argument
: vous ne pouvez pas “trop” connaître vos cibles, car elles changent au quotidien. De plus, la perspective et l'oeil neuf d'un Researcher lui permettront très certainement de découvrir des enseignements à côté desquels le reste de l'équipe était passé.

Nous sommes radicaux : nous ne nous lançons pas dans un projet avec un client qui nous dirait “pas besoin de Recherche, je connais très bien mes utilisateurs finaux”.

- Lise Malbernard, CEO Publicis Sapient France

“Sur le principe ça a l’air intéressant… mais est-on sûrs que ce que l’on va en tirer va être utile ?”

Là où la Recherche évaluative est facile à appréhender, la Recherche exploratoire peut - à juste titre - nécessiter un travail d’appropriation de la part de vos parties prenantes.
C’est normal, car la richesse de la Recherche exploratoire provient justement de l’univers des possibles offert par ce qu’on peut en tirer. Pour les rassurer et lever cette objection, il est donc nécessaire de leur donner de la visibilité sur les conclusions du projet.


L’argument
: Montrez à vos parties prenantes des exemples de livrables (personas, journey maps, benchmarks,...) et comment le type d’enseignements que vous allez tirer va avoir un impact direct sur le produit.

Je fais à titre personnel beaucoup d’exploratoire. C’est capital : cela nous permet de savoir si l’on sort le produit ou non

- Roxane Lacotte, cofondatrice de Panash

“Trop tard… on est déjà dans le développement”

La Recherche exploratoire n’est pas cantonnée aux phases de pré-développement.
Quand une entreprise fonctionne en mode agile, elle travaille par sprints de développement qui sont autant d’occasions de faire de la Recherche exploratoire pour affiner la compréhension des besoins des utilisateurs finaux. Ces phases de Recherche “intermédiaires” viendront alimenter les sprints suivants.


L’argument
: Il n’est jamais trop tard pour faire de la Recherche exploratoire. Obtenir du feedback sur une idée, un concept ou encore un prototype permettra de sécuriser le déploiement du produit sur lequel vous et votre équipe travaillez.

Tout l’enjeux, c’est de passer d’un modèle “réactif” à un modèle “d’anticipation”

- Agathe Sowinski, Insights Manager chez Aircall

Les réticences à faire de la Recherche exploratoire proviennent principalement d’une méconnaissance de ce qu’elle peut apporter, et une surestimation de l’investissement qu’elle représente. La clé est donc d’associer vos parties prenantes le plus tôt possible à votre processus de Recherche et de les maintenir engagées tout au long de votre projet.

Ensuite, laissez vos résultats parler pour vous !

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